« 2020, bd Sainte-Beuve » : Troplisme
Cette quatorzième édition des Rencontres de la Critique et de la Culture se déroulera du 17 au 22 novembre 2020. Après la flânerie, la ringardise, le poli, et Fanke (fanatisme & fake), nous abordons la notion de production et son rapport à la critique. Sous l’intitulé en mot-valise Troplisme, nous développerons « le tropisme du trop-plein ».
Une production ne fait sens que lorsqu’elle est étayée par une démarche critique, de la part du producteur comme du récepteur, du consommateur, de l’usager. Dans un marché culturel exponentiel comme le nôtre, la liberté de choisir n’est pas aussi respectée qu’on le croit. Du coup, cette édition du festival présente aussi bien des produits de la surproduction que ceux de la rareté ou de l’analyse la plus spécialisée, confidentielle voire hermétique.
Avec le soutien du Département du Pas-de-Calais, de la Communauté d’agglomération du Boulonnais, de la ville de Boulogne-sur-Mer, de la ville du Portel.
Pour permettre la bonne organisation des évènements et le respect des règles sanitaire, la participation à chacun des évènements est soumise à réservation. Vous trouverez sous chaque évènement les modalités de réservation. Selon les réservations, des créneaux horaires supplémentaires pourront être proposés.
Annulée par la pandémie de coronavirus dite Covid-19, cette session n’en a pas moins produit la réflexion qui suit :
« L’idée du troplisme est venue du trop plein d’informations qui n’informent pas mais comblent une inanité intellectuelle et perceptive. L’idée était donc d’interroger l’excès qui rend insensible, inaudible – et souvent impertinent, au lieu d’être intelligent. En questionnant le trop, l’idée n’était pas de moraliser ni de censurer un des aspects incontournables du monde dans lequel nous vivons, mais bien de poser d’abord les termes de la réflexion – ou en tout cas la problématisation. D’où l’idée du troplisme, ce mot valise qui dit la capacité du rien excessif à faire notion, à faire le buzz comme on dit.
Le troplisme est vide mais il donne sens à beaucoup d’autres notions vides : le kitsch, le capitalisme – c’est pareil -, mais aussi le service public, le travail, la littérature – en tout cas l’édition -, l’art contemporain, la musique actuelle… Tant et si bien qu’au moment où un excès naturel se met en route, on ne peut plus trouver de tropisme. On confine et la culture se vide de sens. Rien ne fonctionne plus que l’inquiétude. Et on annule les moments possibles d’y réfléchir. La nature n’est pas un troplisme, c’est un vrai tropisme qui prend la place de la réponse critique face au troplisme dévoilé comme sujet. Le tropisme du virus est d’être contagieux – c’est le troplisme des hommes, par sa mondialisation, qui en fait une pandémie. On doit annuler la première partie du festival parce que la critique humaine est vaincue par un tropisme.
Mais la dialectique nous permet de dire que cette session du printemps 2020 a vu une fréquentation mondiale en tout cas du sujet de nos réflexions. Ce qui n’est pas négligeable, mais n’est pas touristique.
Pierric Maelstaf
27 mars 2020